Chacun très différent mais qui en même temps véhiculent des valeurs identiques sur des terrains sauvages par nature.
Pour les vivre, chacun dans un milieu qui peut être très agréable mais parfois aussi hostile et dangereux. Il faut pour les deux de la passion.
Le premier, je l'ai vécu jeune ; le second beaucoup plus tard ; entre les deux j'ai essayé de gagner ma vie comme tout un chacun et élever mes enfants.
Les valeurs acquises grâce au premier m'ont accompagnées ma vie durant.
Le premier, c'est la MER.
J'ai eu la chance et le bonheur dans la Marine Nationale ...la Royale comme on dit, de naviguer sur tous les océans du globe, dans toutes les conditions, sur des navires formidables entouré d'hommes formidables; il n'y avait pas encore de femmes à l'époque mais je ne doute pas qu'elles soient à la hauteur et souvent meilleures.
La Valeur, la Discipline, l'Honneur et la Patrie sont restés gravés au plus profond de moi.
La recherche de l'excellence est notamment celle des marins.
L'environnement est souvent hostile au large loin de la terre et la "maison" des marins qu'est le bateau doit être en permanence à 100% opérationnelle. Rien n'est jamais laissé au hasard .
Aujourd'hui, je suis éloigné de la mer; environ 1000 km d'un côté et 500 de l'autre.
Elle me manque parfois; je voudrais être plus près pour aller la respirer à pleins poumons , m'enivrer d'elle, aspirer ses senteurs lointaines qui me rappellent tellement de moments privilégiés.
Mais j'ai la chance d'avoir "planté ma tente" au bord d'un lac de montagne entouré de sommets.
La montagne, mon deuxième amour.
Parfois j'ai l'illusion de la mer et j'imagine que ce lac est un bras de mer comme on en voit en Bretagne et que c'est marée haute.
Naviguent sur sa surface de nombreux bateaux de transport de touristes, de pécheurs, de plaisanciers, à la voile, au moteur, en planche, kayak, aviron ......
Depuis chez moi , j'ai l'impression que je suis sur la passerelle de mon navire.
La montagne est là, à quelques encablures; je lui trouve beaucoup de similitudes avec la mer.
L'environnement peut être dangereux et demande de la prudence. Il fait appel aux mêmes valeurs et exigences pour le montagnard que pour le marin; y compris la connaissance de la météo et l'équipement adapté.
A bientôt 74 ans mais toujours 20 dans la tête, j'ai conscience que je ne peux plus faire certaines choses. Alors, je m'adapte.
Je ne vais plus en mer parce que je suis loin d'elle bien sûr mais elle est dans mon cœur et fait partie de mes plus beaux souvenirs.
Chaque entrée de port me fait penser à tous les anciens qui sont passés là, avec leur frégate, leur Brick, leur goélette, exactement au même endroit ou je suis passé deux siècles plus tard. Les Lapérouse, les Lafayette, Les Bougainville, Les Cook et tellement d'autres. Que se soit le goulet de Brest ou les autres.
D'ailleurs qui s'en souvient ?
Pour les jeunes, Cook doit être un cuisinier anglais ou une agence de voyages et Bougainville un arbre ou une fleur.
Et pourtant ce sont eux qui ont découvert le monde jusqu'au fin fond des océans Pacifique ou Indien; ils ont répertorié, cartographié dans des conditions difficiles, terribles parfois que l'on ne peut imaginer aujourd'hui. Lapérouse et ses marins ont laissé leurs vies là-bas à Vanikoro. Les restes des deux Frégates y sont toujours par plusieurs dizaines de mètres de fond.
En Montagne c'est pareil; marcher sur des sentiers créés par les anciens depuis l'époque romaine et même avant pour certains, ont vu passer des millions de gens qui reliaient une vallée à l'autre , un pays à l'autre, colporteurs, militaires, passeurs ou contrebandiers dans des conditions parfois dantesques dans la neige, la glace, le froid.
Les alpinistes aujourd'hui grimpent "léger" avec des équipements techniques sophistiqués ; cela n'enlève d'ailleurs rien à leurs exploits et demande toujours témérité et exigence.
Mais autrefois les grimpeurs étaient mal équipés; les cordes les piolets et tout le reste y compris les vêtements, les chaussures, les gants, n'étaient pas très fiables. C'était plus difficile et cependant ils ont ouverts les voies.
Depuis la nuit des temps la montagne et la mer ont besoin semble-t-il de leur ration de vies humaines. Imprudence, malchance ?
Sur l'eau ou en montagne la nature sauvage respire, vit, nous enlace et moi je me blottis dans ses bras ; J'éprouve en montagne le même bonheur que j'avais au large loin de tout. Mais je la respecte et la surveille du coin de l’œil; le ciel qui se charge , le souffle de l'air qui tourne, ça change vite en altitude.
Lorsque je quitterai ce monde j’espère ne pas avoir de regrets.
J'aurais pu prendre d'autres décisions, d'autres virages aux croisements de mon chemin, par exemple faire une carrière maritime longue comme mon Grand Père maternel, rien ne m'en empêchait; mais cela aurait été différent de ce que j'ai connu et vécu après , plus tard , avec mon deuxième amour.
Comme le dit si bien Cussler un auteur américain:
"La mer est une maîtresse exigeante et il est bon, parfois, de s'arracher à ses étreintes."
Dans mon arrière boutique comme j'aime l'appeler tout au fond de mon cerveau, se cachent des souvenirs que j'ai plaisir à aller farfouiller de temps en temps lorsque la météo du monde qui tourne ne me convient pas et cela arrive souvent par ces temps perturbés ou, je l'avoue j'ai un peu de mal à trouver ma place.
que veux-tu , je vieillis !!
-titou-
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